Les bases de ce dispositif sonore sont composées par le dialogue entre une basse et une guitare électriques, lesquels sont nourris non seulement par des pédales d’effets mais aussi par des éléments de percussion et frottement.
Le sujet confronté à un instrument inconnu, ne peut que manifester la méconnaissance du même. Depuis notre perspective, un instrument n’est seulement l’ustensile mais aussi la façon de se lier avec. Il n’y a pas des masques, c’est le son accidenté produit de l’ignorance, issu de la « mauvaise » manipulation.
Notre pratique du son est conçue comme une expérience ayant comme principe la recherche émancipatrice des grammaires musicales prédominantes. Une exploration du sonore sans structures, règles, normes ou connaissances préalables ; une relation avec le sonore imprégné par la propre expérience. Le son comme quelque chose de consubstantiel à l’humain. Un acte sans prétention innovatrice – pas pour autant obsolète – qui implique un re-tour, un revenir à, c’est-à-dire, un geste répétitif. Un acte introjectif, une répétition du sujet même (« interprète ») dans le sonore, je corps, je son, mon expérience son.
CORPS + ÂME + ESPRIT = EXPÉRIENCE
La répétition dans la technique-matière est capable de produire une superposition de couches sonores qui se complémentent créant ainsi des sonorités impensées. Cela à travers d’un geste manuel qui nourrit le son ; son inexactitude est inhérente à l’humanité (à l’humanuelleité) de qui le produit. Ici, une attention particulière est attribuée aux micro-décalages, souvent issus de l’« erreur », car ils peuvent servir comme appel aux sérendipités et dés-occultations. De cette manière on est confronté à une évolution du son qui se passe dans le présent, ce qui nécessite et incite à une aptitude d’écoute contemplative.
EXPÉRIENCE - CONTEMPLATION
Dans un monde de croissance démesurée, consumériste, plongé dans l’imposture, où l’apparence prévaut sur l’être, la sincérité devient acte de résistance. Ainsi, dans une tentative de privilégier l’être qui doute des apparences, le « musicien » se présente dès l’erreur : un « interprète » de l’inexacte où le son devient le catalyseur pour des postures d’écoute. Toute trace de représentation se transforme en présenta(c)tion dans le présent. Il s’agit d’une invitation à dés-oublier la contemplation, l’écoute contemplative.
CONTEMPLATION - DEVENIR
La contemplation de l’acte sonore répétitif structure un espace où devient l’être, un espace où l’inconscient jaillit des profondeurs pour inonder la psyché. Le sentir et la pulsion bourrent les limites de la perception consciente, le rationnel perd du terrain face au non rationnel. Dans cet apparent chaos on divague dans des contenus à caractéristique multiples, c’est un sens profond : la vie - la mort.
De la même manière, le temps fracturé – un passé, un présent, un futur – n’a pas de place, c’est un tout mélangé depuis l’expérience, l’espace-temps comme quaternité, l’expérience décline vers un seul point, un point où se condense tout l’être.
LE PRODUIT FINAL N’EST PAS DE LA MUSIQUE, LE PRODUIT FINAL EST EXPÉRIENCE.
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